23 décembre 2015

Là où il faut être

Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald


de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou – Prochainement : Oswald de Andrade au Centre Pompidou !

11 décembre 2015

Pagu dans la presse brésilienne & française, hier & aujourd'hui...

Comment lire, comment recevoir, dans le Brésil des années 1930, le premier « roman prolétaire » publié dans le pays ? Comment assimiler une figure comme celle de Pagu ?
Comment lire, comment transmettre, dans la France de ce début de XXIe siècle, un « roman prolétaire » d’un autre temps, venu du Brésil ?

D’un contexte l’autre, la critique se débrouille.

Double dossier de presse sur le roman Parc industriel


25 novembre 2015

Dans la presse belge

C’est ce qu’on appelle un critique perspicace et toujours à l’abri du ridicule.

Ci-après, à propos des traductions d’Oswald de Andrade et Sérgio Milliet, ce qu’écrivit tantôt et sans trembler un certain Jacques Crickillon (1940-), écrivain et poète belge, professeur d’Histoire des littératures au Conservatoire royal de Bruxelles et membre de l’Académie royale de Langue et de Littérature française de Belgique.

Il sera rituellement dévoré, c’est entendu, lors du prochain banquet anthropophage.

Le brésilien Oswald de Andrade fut, dans la première moitié du XXe siècle, à São Paulo, le très actif et radical propagandiste (sans beaucoup de succès [sic]) du modernisme en poésie. Plusieurs longs séjours en Europe, et surtout à Paris, l’avaient fortement marqué, ce qui lui fut l’occasion de côtoyer Jules Romains, Valéry [sic] Larbaud, Cocteau, Morand, Satie, et en particulier Blaise Cendrars. Le présent ouvrage rassemble des poèmes et des déclarations-manifestes. Pour Oswald, la poésie doit bannir l’idée et le lyrisme au profit de la réalité quotidienne moderne, avec ses mouvements populaires, ses modes, ses objets usuels. C’est dire que la traduction de ses poèmes ne risque pas de bercer les âmes sensibles [sic]. Le livre est doté d’un appareil critique d’une extraordinaire (et exagérée ?) ampleur.
(Lectures (La revue des bibliothèques),
Service général des Lettres et du Livre de la Fédération Wallonie-Bruxelles,
n°169, janvier-février 2011.)

Totalement cosmopolite, le brésilien Sérgio Milliet, orphelin de mère, quitte São Paulo dès son plus jeune âge pour Genève, où il fait ses études, puis s’engage dans l’écriture. Poète, il collabore à diverses revues confidentielles, puis publie régulièrement dans la revue anversoise Lumière dirigée par François Avermaete. Il ne cessera de se déplacer, Paris, Bruxelles, le Brésil, s’agitant beaucoup [sic] dans les cercles modernistes. Bilingue parfait, il écrit d’abord en français, puis, à la fin de sa vie [sic], en portugais. Le présent volume rassemble l’essentiel de son œuvre poétique et divers textes de réflexions critiques. Si l’on peut trouver là un certain intérêt historico-philologique, l’œuvre se révèle sans grande valeur, mêlant modernisme sans vigueur [sic] et sentimentalisme superficiel [sic].
(Lectures (La revue des bibliothèques),
n°170, mars-avril 2011.)

25 octobre 2015

Cendrars au Brésil et dans le monde entier

Le tout récent n°53 (automne 2015) de Feuille de routes (bulletin de l’Association internationale Blaise Cendrars) propose un dossier intitulé « Blaise Cendrars, traduction littérale et “traduction culturelle” ».
On pourra y lire, pourquoi pas, l’étude de Friedrich Frosch« Cendrars apprend à parler portugais et s’auto-traduit : portrait du bourlingueur en personnage d’écran dans deux longs métrages de fiction brésiliens » (p.117-151), où l’on croise bien sûr Oswald de Andrade, Tarsila do Amaral, Mário de Andrade, Paulo Prado…
(Non sans regretter, peut-être, que les textes d’Oswald de Andrade disponibles en français n’aient guère été exploités, ni même signalés, alors même que le manifeste et le recueil Bois Brésil sont à présent lisibles dans une riche édition critique, et que le Manifesto antropófago a déjà été traduit une dizaine de fois.)
C’est l’occasion, aussi, de voir ou revoir le beau film de Joaquim Pedro de Andrade, O homem do pau brasil (1981), inspiré de la vie et des écrits d’Oswald de Andrade (et disponible en DVD sous-titré).

Dans le même dossier, les hispanophiles et tous ceux qui savent l’importance des actes de réception et autres échanges internationaux propres aux avant-gardes historiques, auront intérêt à lire l’article de Marie-France Borot, « Les traversées espagnoles de Blaise Cendrars poète » (p.89-115), qui consiste pour une part en une utile et méritoire incursion dans le riche monde des revues littéraires espagnoles des années 1910 et 1920, l’époque du mouvement ultraïste dont Guillermo de Torre et consorts traduisaient à tour de bras et commentaient avec un égal appétit toutes les nouveautés poétiques et théoriques françaises.
(À cet égard, ceux qui n’ignorent pas l’importance d’une date, dans l’histoire des avant-gardes, voudront bien noter que la traduction de Profond aujourd’hui par Guillermo de Torre, signalée comme parue en septembre 1926 dans Mediodía (Séville, n°4), en réalité fut publiée une première fois en septembre 1921 dans Cosmópolis (Madrid, n°33). Accessoirement — mais rien n’est ici accessoire —, la traduction de ce texte permit à Cendrars de se voir citer dès le mois de décembre 1921 dans le fameux manifeste de fondation du Stridentisme mexicain, le « Comprimido estridentista » de Manuel Maples Arce, et implicitement en 1924 dans un vers de Urbe, super-poema bolchevique en 5 cantos du même Maples Arce, tous textes édités en français dans le volume Stridentisme! de 2013)

23 septembre 2015

Pro domo

Mário de Andrade, chroniqueur et conscience militante du modernisme, ferraillant dur contre une critique locale hostile, n’observait-il pas dès 1923, depuis São Paulo et avec quelque présomption :
« La célébrité des modernistes est aujourd’hui définitive et indiscutable. Leurs noms ont pénétré […] les capitales européennes. Ils sont traduits en France » ?
Alors qu’approche, sûrement, le centenaire de la Semaine d’Art Moderne (1922), session inaugurale de l’avant-garde brésilienne, peut-on dire que ce propos aura fini par être autre chose qu’une belle fanfaronnade ?

Traduits, les modernistes brésiliens ? On y travaille.
Lus ? Commentés ?
De septembre 2010 à septembre 2015, ce fut somme toute, autour d’une première poignée de traductions en volume, une bonne vingtaine d’articles.

Bilan en forme de dossier de presse, à l’enseigne symbolique de la « poésie d’exportation » d’Oswald de Andrade…






N. B. : Attention, un poète mexicain est monté clandestinement dans le convoi.

16 septembre 2015

Dans la presse française

Magnifique recension du roman Parc industriel de Patricia Galvão (Pagu), par Odile Hunoult, en pleine page de la Nouvelle Quinzaine littéraire n°1135 (16-30 septembre), sous le titre « Le “roman prolétaire” de Pagu », p.22.

On vous le disait ici-même : pendant la rentrée littéraire, il faut lire les livres parus au mois de mars.



2 septembre 2015

Lancement Pagu (31)

C’est, dit-on, la rentrée littéraire. Le moment rêvé pour ouvrir les livres négligés et néanmoins parus depuis le début de l’année. Dans la catégorie « premier roman étranger », par exemple, Parc industriel (1933) de Patrícia Galvão (Pagu).
Une vieille photographie de Hildegard Rosenthal, oubliée dans la bibliothèque du traducteur et retrouvée par hasard, nous en évoque les premières lignes, toutes paulistaines et revendicatives…

Hildegard Rosenthal, Bonde na Praça dos Correios (30x40cm, ca. 1940).
Inscription sur le tramway :
« São Paulo é o maior centro industrial da América latina. »

« São Paulo est le plus grand centre industriel de l’Amérique du Sud : les employés des tissages déchiffrent le crâne impérialiste de la “crevette” qui passe. La petite Italienne matinale fait un bras d’honneur au tram. Elle défend sa patrie.
– C’est ce qu’on dit ! Le plus grand c’est le Brás ! »



(P. Galvão (Pagu),
Parc industriel (roman prolétaire),
trad. du portugais (Brésil) par Antoine Chareyre,
Montreuil, Le Temps des Cerises, 2015,
chap. « Métiers à tisser », p. 15.)

19 mai 2015

Là où il faut être

Amis des avant-gardes américaines !
Rendez-vous à Toulouse ce jeudi 4 juin à 15h50 tapantes pour entendre causer du stridentiste mexicain Maples Arce !

Dans le cadre du colloque international « Ars Poetica : Formes et traditions du poème long dans les Amériques » (organisé les 4-6 juin à la Bibliothèque d’Études Méridionales, 56 rue du Taur), Vincent Zonca (doctorant à l’ENS de Lyon) donnera une conférence intitulée « Urbe (1924) de Manuel Maples Arce, le “super-poème” de l’avant-garde stridentiste : fondations, héritages, ruptures ».

Qu’on se le dise.

20 avril 2015

12 avril 2015

Dans la presse française

Mais qui ose donc situer Pagu, azimutalement, quelque part entre Zola, Félix Fénéon, Léon Frapié et Roberto Arlt ?
C’est bien sûr Éric Dussert, qui a lu Parc industriel et en rend compte dans Le Matricule des Anges n°162 de ce mois d’avril.

Lancement Pagu (27)

Pagu/Poudovkine/Gorki


« Ils entrent au cinéma Mafalda pour voir un film russe tiré de Gorki. Les fauteuils populaires sont convoités. […]
Dans l’obscurité, Otávia veut tirer de chaque tête muette de spectateur, de chaque bras silencieux, une adhésion aux crispations émotionnelles qui l’enveloppent. Elle sert la main d’Alfredo. Mais beaucoup de gens n’attendent pas la fin de la séance.
Un groupe de jeunes filles sort en plaignant à haute voix les dix centimes perdus pour un film sans histoire d’amour.
Les inconscientes que charrie le prolétariat. Étourdies par les reflets du régime bourgeois, par leur fascination devant les toilettes qu’elles ne peuvent posséder mais qu’elles désirent. Devant les automobiles de toutes les couleurs, les raquettes et les plages. Nourries par l’opium impérialiste des films américains. Esclaves attachées à l’illusion capitaliste.
Mais dans la rangée de devant, deux jeunes travailleurs s’enthousiasment, s’absorbent dans le drame prolétaire qui défile. L’un d’eux a parlé si fort que ses mots sont parvenus tout entiers aux oreilles d’Otávia :
— Personne ici comprend cette bombe ! »

trad. du portugais (Brésil) par A. Chareyre
Le Temps des Cerises, « Romans des Libertés », 2015
chap. « Prolétarisation », p. 97





À voir :

La Mère
réalisé par
Vsevolod Poudovkine
scénario de Nathan Zarkhi
d’après Maxime Gorki
(URSS, 1926)







À lire :
     
Maxime Gorki
La Mère [1907]
trad. de René Huntzbucler [1952]
Le Temps des Cerises, « Romans des Libertés », 2013

9 avril 2015

Là où il faut être / Lancement Pagu (26)

La Librairie Portugaise & Brésilienne 
et
les éditions Le Temps des Cerises
vous invitent

mercredi 15 avril 2015 à 19h

à la présentation
du roman Parc industriel
de Patrícia Galvão, dite Pagu (1910-1962),
par son traducteur Antoine Chareyre.

Lecture d’extraits par Séverine Delrieu.


Pagu, alias Mara Lobo, a essayé de raconter dans ce livre, avec un maximum de littérature pour un maximum d’efficacité, la vie et les luttes des travailleuses de l’industrie textile du quartier du Brás, à São Paulo.
C’est un roman prolétaire. Le premier au Brésil, en 1933.


Librairie Portugaise & Brésilienne
19/21 rue des Fossés Saint-Jacques – Place de l’Estrapade – 75005 Paris
Métro Place Monge, Cardinal Lemoine

20 mars 2015

Là où il faut être / Lancement Pagu (25)

AVIS AU PEUPLE — La scandaleuse Pagu NE sera PAS de la délégation officielle de 48 auteurs brésiliens invités au Salon du Livre de Paris (20-23 mars 2015), qui a ce goût très sûr de n’accueillir que des écrivains vivants. Évitez les longues files devant les tables de dédicace, Fuyez les causeries bondées du stand Brésil, Soyez révolutionnaire et faites le choix de la dissidence, en vous rendant sur le stand G86 des éditions Le Temps des Cerises et en exigeant le livre :

(roman prolétaire)

Prologue de Liliane Giraudon

Traduction du portugais (Brésil),
notes & postface par Antoine Chareyre

Le Temps des Cerises (Montreuil)
Coll. « Romans des Libertés »
166 p., 14€

(paru le 19 mars)


*
Le roman prolétaire
mondialement salué par la critique brésilienne !

« Une ultime perle moderniste, un excentrique et audacieux précurseur
du roman social des années 1930. »
« Un style fragmentaire, direct et concis, influencé par
la prose télégraphique d’Oswald de Andrade. »
« La poignante poéticité de l’utopie prolétaire de Pagu. »
(Augusto de Campos)

« Patrícia Galvão, muse tragique de la Révolution. »
(Carlos Drummond de Andrade)


« Pagu, lunique et authentique expression du féminisme national. »
(Ary Pavão, Diário Carioca)

« Un douloureux document humain,
le premier roman prolétaire publié au Brésil. »
« La première femme emprisonnée au Brésil,
dans la lutte révolutionnaire idéologique. »
(Geraldo Ferraz, A Tribuna)

« Le choc des vies qui palpitent dans le sous-sol du parc industriel. »
« Les débuts d’écrivain les plus beaux et les plus courageux
de cette délicieuse fin 1932. »

« La violence et l’éclat d’un tempérament révolutionnaire. »
« Roman rapide, couleurs fortes, personnalité. »

« Curieuse et admirable Pagu, femme de culture et d’action. »
« Roman rapide, expressif, vibrant, clair. »

« Un libelle sous la forme du roman. »
« Des pages véhémentes et tristes. »
« Un pamphlet admirable d’observations et de probabilités. »
« Une série de tableaux pittoresques et merveilleux,
dessinés avec un grand réalisme. »
« L’éclatante beauté de tableaux vivants de dissolution et de mort. »

« São Paulo vient de se réaffirmer à l’avant-garde littéraire qu’elle occupe. »
« Le sens dramatique et social des situations de classe. »

« Pagu a vu et a parlé, a crié, a hurlé. »
« La tragédie ouvrière, sans fioritures ni poésie bourgeoise. »

19 mars 2015

Dans la presse française


Et tant que les Français ne les lisent pas, rappelons que les trois premiers sont disponibles en français ; et que le Portrait du Brésil de Paulo Prado le sera bientôt, et Mário de Andrade derechef !

12 mars 2015

Vient de paraître – Connaissez-vous Pagu ?

Patrícia Galvão (Pagu)
Parc industriel
(roman prolétaire)

prologue de Liliane Giraudon

traduction du portugais (Brésil),
notes & postface par Antoine Chareyre

Le Temps des Cerises (Montreuil), coll. « Romans des libertés »
14×19,5 cm, 166 p., 14 € - en librairie le 19 mars


Pagu, alias Mara Lobo, a essayé de raconter dans ce livre, avec un maximum de littérature pour un maximum d’efficacité, la vie et les luttes des travailleuses de l’industrie textile du quartier du Brás, à São Paulo.
C’est un roman prolétaire. Le premier, en 1933, au Brésil.

Patrícia Galvão (São Paulo, 1910 – Santos, 1962), connue sous le nom de Pagu, rejoint d’abord le groupe de la Revista de Antropofagia (1928-29), dernière mani-festation du modernisme brésilien. Elle y rencontre l’écrivain Oswald de Andrade, qu’elle épouse, et se lance avec lui dans le militantisme d’extrême-gauche au lendemain de la Révolution de 1930, en publiant par exemple la revue O Homem do Povo (1931). Membre turbulent du PCB, première femme à connaître la prison pour motifs politiques dans l’histoire du Brésil, en 1931, elle se consacre corps et âme à la cause révolutionnaire et publie à son propre compte, sous pseudonyme, ce récit de propagande communiste inspiré de ses premières années d’activisme et de fréquentation du prolétariat : Parque industrial, étrange compromis entre la prose d’avant-garde des années 1920 et le roman social des années 1930. Arrêtée en 1936, elle passe près de cinq années en prison, aux pires heures de la dictature de Vargas.

Inédit en français

*
à consulter :

Présentation du livre sur le site de l’éditeur

Dossier Pagu sur le blog Bois Brésil & Cie
(dossier critique d’époque sur le roman,
documents rares ou inédits sur et autour de Pagu,
vidéos, musiques…)

Dossier de presse de l'ouvrage
(comptes rendus parus dans la presse française ou en ligne)

10 mars 2015

Le concours d’avant-hier soir / Lancement Pagu (23)

Quelle est la plus grande
des poétesses brésiliennes ?

Concours organisé par O Malho
auprès de 250 intellectuels brésiliens résidant à Rio de Janeiro


Dépouillement final :

Gilka Machado    100
Maria Eugênia Celso    41
Rosalina C. Lisbôa    11
Carmen Cinira    10
Anna Amelia C. de Mendonça    10
Patrícia Galvão (Pagu)    7
Cecília Meirelles    6
Henriqueta Lisbôa    3
Lia Corrêa Dutra    1
Leda Rios    1
Hildeth Favilla    1
Else Machado    1
Heloisa Bezerra    1
Elza Araripe Milanez    1
Eneida    1
Ide Blumenschein (Colombina)    1
Palmyra Wanderley    1

(O Malho du 18 mars 1933.)

[Ont voté pour Pagu : Garcia de Rezende, Danton Jobin, Ary Pavão, Martins Castello, Arnon de Mello, Ricardo Pinto et Aníbal Machado.]


Justification de Jorge Amado

Gilka Machado est sans nul doute la plus grande poétesse brésilienne. Si elle n’existait pas, j’hésiterais entre Eneida et Pagu.

(O Malho du 17 décembre 1932.)


Justification de Garcia de Rezende

Je vote pour Pagu pour une raison fondamentale : parce qu’elle a foudroyé anthropophagiquement le vieil et indigne sentiment poétique, dans un pays où l’on confond poésie et lubricité. Cela fut un acte de bravoure.

(O Malho du 17 décembre 1932.)


Justification d’Ary Pavão

En débutant sa section « Panorama » dans le Diário Carioca [du 16 décembre], Ary Pavão a publié la justification qui suit, pour son vote hors-concours, que nous ne pouvons qu’avoir le plaisir de transcrire :
Je vote pour Pagu. J’ai envoyé, hier, mon vote pour le concours ouvert par O Malho, par lequel on cherche à élire la plus grande poétesse du Brésil, et dans le corps électoral duquel j’ai été qualifié et enrôlé ex officio — suivant les schémas observés par les nouveaux règlements que Dieu Notre Seigneur a instaurés pour faciliter l’exercice de notre débutante démocratie.
J’ai voté pour Pagu, en hommage à la jeune intelligence de notre pays et à l’unique et authentique expression du féminisme national.
* * *
Patrícia Galvão — Pagu — est apparue un jour, à São Paulo, en empoignant le milieu artistique du grand État de son esprit révolutionnaire d’écrivaine. Ses vers apportaient un parfum de sève jeune et une chaleur inconnue de modernité.
Car — par-dessus tout — Pagu était belle ; et une poétesse laide, c’est comme entendre la plus douce mélodie exécutée par l’orgue-de-barbarie de l’homme au perroquet qui lit la bonne aventure dans les rues des faubourgs.
Dans le journalisme de São Paulo, Pagu a fait les quatre cents coups… Elle a suscité des polémiques, a provoqué des scandales, a tiré des coups de révolver, a pris des coups dans le dos, comme n’importe quel voyou du Morro da Mangueira — et, un jour, elle est sortie de la rédaction entre deux rangées de policiers et de bourgeois révoltés.
C’est ainsi que je comprends le Féminisme, d’où mon admiration pour Pagu.
Le féminisme qui veut les profits du sexe masculin, qui nous prend nos postes avec l’argument imparable d’une paire de jambes hallucinantes, mais qui ne voyage pas sur le marche-pied du tram et ne prend pas les armes, comme la rappelé à la bonne heure l’esprit malicieux du général Góes Monteiro — cela n’est pas le Féminisme — c’est un emmerdement.
Le jour où toutes les femmes adeptes du nouveau credo se présenteront avec le courage et la sincérité de Pagu, alors, oui.
J’admettrai que les hommes soient relégués au plan peu agréable qui consiste à changer les couches et à donner le biberon aux bébés... ou à quelque chose de bien pire — si Notre Dame de la Parturition n’a pas pitié de nous.

(O Malho du 31 décembre 1932.)


(Extraits de l’enquête-feuilleton « Qual a maior das poetisas brasileiras ? »,
O Malho (Rio de Janeiro), décembre 1932 – mars 1933.)

Dans le texte : photo de Pagu inséré dans O Malho du 28 janvier 1933.

24 février 2015

La critique d’avant-hier soir / Lancement Pagu (22)

De Pagu, de Jorge Amado, qui a écrit un véritable « roman prolétaire » ? Comme en réponse à Murilo Mendes, un dernier article pour mettre tout le monde d’accord. Encore un effort pour être prolétaire !

Encore sur Cacao de Jorge Amado
par Eneida

Il y a dans le livre Cacao de Jorge Amado une question qui mérite une réponse :
— Est-ce un roman prolétaire ?
Il n’y a qu’une réponse : Non. M. Jorge Amado n’a pas fait un livre prolétaire.
* * *
Toute la nouveauté, actuellement au Brésil, consiste dans la préoccupation qu’on a d’intituler comme prolétaire une littérature pornographique et fausse. Et apparaissent alors les monstrueux livres de Pagu, Oswald de Andrade, etc., etc. Gros mots. Pornographie. Dissolution. Livres typiquement fin de régime, bien faits pour les délires sexuels des demi-vierges. Mais le terme prolétaire se répand telle une épidémie.
La littérature prolétaire est irréconciliable avec le pessimisme, le scepticisme et toutes les autres espèces de prostration intellectuelle. Elle est concrète, vivante, imprégnée de collectivisme réel, et elle nourrit avec conviction une croyance illimitée dans l’avenir.
D’après les pseudo-écrivains « prolétaires » du Brésil, faire de la littérature prolétaire c’est écrire de manière fautive, employer mal tous les mots et envisager avec une profonde naïveté les choses de la vie.
Cacao est ainsi.
* * *
Ceux qui connaissent par le fait de quoi se compose un prolétaire et un révolutionnaire, en lisant Cacao, sauront que Jorge Amado ne peut être tout au plus qu’un révolté et un petit-bourgeois, avec tous les défauts typiques de sa classe.
Le livre, en prenant un caractère autobiographique, travail individualiste de petit-bourgeois désespéré parce que sa position d’infériorité économique ne lui permet pas d’épouser (civilement et religieusement) la fille du maître d’esclaves : le patron.
Rien chez lui n’est révolutionnaire. Son ascendance : des parents aisés. Son enfance heureuse, et lorsque, adolescent, il rompt avec son oncle, c’est en raison d’une question de femmes.
Le livre tout entier reflète un individualisme égoïste. Il n’y a pas de vie. Il n’y a pas de concrétisation des fins. Il ne parvient pas à révolter. Il ne parle pas à la collectivité. Son auteur nie l’axiome du matérialisme dialectique : la vie détermine la conscience.
À la lecture des 197 pages, nous apprenons que le père (du narrateur ?), bien que… « aimant beaucoup la musique » et possédant une usine où les conditions de travail et de vie ne sont pas (ne peuvent être) différentes, dans ce régime capitaliste, des autres usines, n’exploite pas trop ses ouvriers. Ensuite vient la « gloire » d’être de bonne famille, ce que l’auteur souligne au long des 197 pages, comme si les travailleurs étaient de mauvaise famille
Quel écrivain prolétaire (au sens véritable du terme) peut ignorer la lutte des classes ?
D’après Jorge Amado, les travailleurs du cacao, et tous les travailleurs du Nord et du Nord-Est, vivent une vie de débauche, d’ivrognerie, de prostituées et de démonstrations de bravoure. Rien, absolument rien dans ce livre n’éclaire, ne met à nu la tragédie économique des travailleurs de la campagne, la tragédie économique qui, ici plus aiguë, là moins, est toujours et partout la même tragédie de l’exploitation de l’homme par l’homme. Des ouvriers qui apparaissent dans Cacao, aucun n’a une conscience de classe, et pourtant nous autres ressentons que le travailleur du Brésil est déjà en train de se réveiller et de comprendre la seule vraie ligne à suivre. Mais le livre de Jorge Amado est une débauche constante. Les femmes, toutes, remarquez bien, toutes les ouvrières dans Cacao sont, ont été ou seront prostituées. Pourtant, la fille du patron, l’enfant mondaine, la poétesse crétine, celle-là mérite presque son adoration, et apparaît avec une sympathie toute spéciale. N’est-ce pas là une solidarité de classe ?
Dans Cacao, nous n’avons aucun contact avec la masse. Nous connaissons deux ou trois ouvriers : l’un parce qu’il tue des gens, l’autre parce qu’il fait le fier chez les prostituées, et seulement un parce qu’il sait qu« il y a quelque chose ». Mais (crainte ? ignorance ?) l’auteur se refuse à nous expliquer ce qu’est ce « quelque chose », se refuse à nous dire ce que ressent cet ouvrier, ce qu’il pense, et, avec un sentiment de lâcheté qui accompagne chaque ligne du livre (et à tel point qu’elle en arrive même à faire en sorte que ne soit écrit qu’une seule fois le mot : bourgeoisie), il fait de ce personnage une petit-bourgeois confus (comme l’auteur) davantage qu’un ouvrier.
* * *
Pour Jorge Amado, la question sociale n’existe pas. Il n’est préoccupé et absorbé que par une question : la question sexuelle. Et de décrire des cuisses rondes, des ventres généreux et d’autres petites choses excitantes, bien faites pour la joie et l’amusement de la petite bourgeoisie.
* * *
Dans Cacao, toutes les questions s’emmêlent. Rien n’est clair. Tout se confond. La lâcheté politique, la lâcheté intellectuelle, la lâcheté religieuse (dieu prend encore un grand d), et il ne sait même pas pourquoi les prostituées sont des croyantes convaincues, ni la raison pour laquelle il y a des petits saints près des lits, dans les bordels. Jorge Amado pense également que la révolution prolétarienne sera faite avec les prostituées… Là-dessus son livre garantit qu’un jour « les rues de la prostitution se lèveront »… Jorge Amado ne sait même pas que la prostitution est un produit du régime lui-même, que la prostitution résulte de toute la tragédie économique créée par ce régime et qu’elle ne disparaîtra qu’avec le développement de la société socialiste en marche vers le communisme.
* * *
Les travailleurs, dans Cacao, ne pensent pas un seul instant à s’organiser. Ils ne discutent pas des possibles améliorations sociales dont jouiront leurs frères de classe en ville. Ils ne disent rien de la révolte d’une classe opprimée et forte qui coule dans leurs veines. Enfin, rien qui nous donne une idée de collectivisme.
La littérature prolétaire a pour finalité non seulement de transmettre le point de vue collectif, mais également d’orienter la conscience du prolétariat dans le sens de ses objectifs finaux.
Jorge Amado sait-il quels sont les objectifs finaux du prolétariat ? Non. Il pense que la lutte des classes ça n’est que « quelques mots plus beaux que la générosité », il pense également que la solidarité de classe c’est… ne pas épouser la fille du patron.
* * *
La littérature prolétaire n’est possible qu’au sein du régime prolétaire.
La littérature révolutionnaire est celle qui, au sein du régime capitaliste, parle de près des intérêts économico-politiques du prolétariat et des couches appauvries de la société.
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Au moment critique de la lutte des classes que nous vivons, dans le heurt des antagonismes irréconciliables de la bourgeoise, à l’heure héroïque où les masses opprimées des campagnes et des villes attendent le signal pour se réunir et ensuite avancer, ce ne seront pas ces œuvres mystificatrices étiquetées comme prolétaires et révolutionnaires qui détourneront le prolétariat brésilien et international de son assaut décisif, pas plus qu’elles ne détourneront le cours du processus révolutionnaire tracé par le matérialisme historique.
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Et aux entreprises inavouables d’éléments anarchiques et fauteurs de division comme l’œuvre de Jorge Amado, le prolétariat brésilien répondra que « l’émancipation de la classe ouvrière doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ».
Rio, novembre 1933.

(Eneida, « Ainda sobre Cacau de Jorge Amado »,
O Homem Livre, São Paulo, rédacteur en chef : Geraldo Ferraz,
1e année, n°21, 3 janvier 1934, p. 4.)

N. B. : Eneida, nom sous lequel se faisait appeler Eneida de Villas Boas Costa de Moraes (1904-1971), écrivain et journaliste, fut une militante éphémère au PCB dont elle fut écartéeen tant qu’intellectuelle, en même temps que son compagnon José Vilar (secrétaire-général du Parti de janvier à novembre 1932), tous deux étant trahis par la camarade Patrícia Galvão obéissant aveuglément aux ordres de l’appareil prolétarisé. Emprisonnée elle aussi sous l’Estado Novo, elle connaît en détention Olga Benario, la compagne de Prestes, et le romancier Graciliano Ramos, qui l’évoque dans ses Memórias do Cárcere (éd. posthume, 1953 ; Mémoires de prison, éd. et trad. Antoine Seel et Jorge Coli, Gallimard, « Du monde entier », 1988).



À paraître :
Patrícia Galvão (Pagu)
Parc industriel
(roman prolétaire)
Inédit en français
Prologue de Liliane Giraudon
Le Temps des Cerises
mars 2015