4 mars 2016

Faux & usage de faux 2 - Une dédicace

La réédition fac-similé du recueil Pau Brasil, procurée il y a de cela un an par les éditions A Bela e o Monstro (Lisbonne), nous apporte une de ces grandes petites trouvailles propres à exciter l’intérêt des oswaldophiles.
La reproduction a été réalisée en effet sur un exemplaire qui se trouve orné de la dédicace autographe que voici :


[POUR BACHARACH POète OSW / ALD COMMERçant / 15-1-27 / São Paulo]

…où se confirme, dans la plaisante interpolation des statuts poète/commerçant, la propension d’Oswald à trouver de la poésie partout, et à définir corollairement la « poésie bois brésil » comme une (bonne) affaire commerciale.
(Au passage cette dédicace nous indique toutefois qu’en janvier 1927, Oswald de Andrade en était encore à distribuer lui-même, parmi ses proches et relations diverses, les exemplaires de l’édition sortie en juillet/août 1925 des presses du Sans Pareil, à Paris.)

René Bacharach & Tarsila do Amaral
(Fazenda Santa Teresa do Alto, 1927)
Le dédicataire, le Français (René) Bacharach apparaît parfois, mais plus que succinctement, dans les études critiques et biographiques autour d’Oswald de Andrade.
Rencontré vraisemblablement à Paris, il fut de passage au Brésil vers 1927-1928, et on le vit frayer alors parmi les hôtes de la Fazenda Santa Teresa do Alto, villégiature champêtre du couple Oswald-Tarsila, « Tarsiwald »…
L’historienne d’art Aracy A. Amaral (dans sa biographie Tarsila, sua obra e seu tempo, 1975) indique, d’après un témoignage tardif de Tarsila do Amaral elle-même, que « le surréaliste français René Bacharach […] discutait du surréalisme avec Oswald de Andrade, qui n’était pas d’accord avec lui ».

L’étiquette surréaliste appliquée à ce Bacharach me semble plus que sujette à caution (il n’apparaît nullement, par exemple, dans la base du site de l’APRES, Association pour la Recherche et l’Étude du Surréalisme). Du moins était-il personnellement lié, il est vrai, à certains membres du groupe surréaliste, comme Benjamin Péret (qui allait apparaître lui-même comme un compagnon de route éphémère du mouvement anthropophage) : sans doute un riche amateur… C’est certainement le même « René Bacharach » qui fut le propriétaire (à une époque qui reste à déterminer) des magasins « Aux 1000 cravates », et l’on sait le goût d’Oswald et de son épouse d’alors pour la mode parisienne. (Le nom fut encore porté par un grand écuyer (1903-1991) par ailleurs amateur de poésie et connaisseur de la langue portugaise.)

De qui s’agissait-il, exactement ? On attend de plus amples informations.

Bacharach (?) avec Oswald de Andrade (chantant),
Tarsila (sous l'ombrelle) & Mario de Andrade (au piano)
(Fazenda Santa Teresa do Alto, 1927)

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