22 août 2016

Vous avez dit stridentisme ?

Prochainement s’ouvrira au Grand Palais l’exposition « Mexique, 1900-1950 » (du 5 octobre 2016 au 23 janvier 2017), organisée par le Museo Nacional de Arte de Mexico et la RMN.
On lit dans le dossier pédagogique de lexposition, « Le Mexique des renaissances », que « cette manifestation offre un panorama d’artistes célèbres tels que Diego Rivera, Frida Kahlo ou Rufino Tamayo » mais que « d’autres moins connus en Europe sont également représentés ». En somme, « le parcours dresse un constat de la bouillonnante créativité artistique du pays tout au long du XXe siècle. »

Sans aucun doute (en témoigne l’entretien avec Agustín Arteaga, commissaire de l’exposition), cet événement vient refléter chez nous une assez récente ouverture, dans l’histoire de l’art et la muséographie mexicaines, à la diversité des avant-gardes nationales au-delà de lofficiel muralisme — autorisant notamment, pour ce qui concerne les années 1920, une redécouverte du stridentisme.
Ainsi lit-on, dans le même dossier (pédagogique !) :

« Le groupe stridentiste, ainsi appelé à cause du grand bruit que celui-ci a suscité dans l’opinion publique des années 1920, présente une alternative originale. »

Ça commence bien.
Le petit groupe formé autour de Manuel Maples Arce n’a pas été ainsi baptisé, par on ne sait qui et on ne sait quand, « à cause du grand bruit […] suscité dans l’opinion publique ».
C’est Maples Arce lui-même, encore isolé d’ailleurs, qui employa les termes estridencia, estridentismo et estridentista dès son premier manifeste, le « Comprimido estridentista » diffusé fin 1921 dans la revue-placard Actual (n1).

Tant pis pour l’approximation.
On ira voir avec intérêt les témoignages de stridentisme et les œuvres de Ramón Alva de la Canal, Germán Cueto ou encore Jean Charlot, non pas des artistes stridentistes (il n’y eut pas à proprement parler d’école stridentiste dans les arts) mais des artistes aux parcours propres qui se trouvèrent collaborer aux ouvrages, aux revues et aux quelques événements promus par le mouvement de Maples Arce. De ce point de vue, le clou sera peut-être la fameuse toile d’Alva de la Canal, El Café de Nadie (huile sur toile et collage, 2e version), qui représente Maples Arce entouré de ses comparses Germán List Arzubide, Salvador Gallardo, Arqueles Vela, Germán Cueto et le peintre.

En attendant, on peut toujours consulter l’ouvrage :

Manuel Maples Arce
Poésie & manifeste
(1921-1927)

Édition bilingue & illustrée
Traduction de l’espagnol (Mexique),
présentation & notes par Antoine Chareyre
Le Temps des Cerises (Montreuil)
coll. « Commun’art », 2013, 372 p., 25€


Qu’on se le dise, & qu’on lise !

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